Habituellement, les mères de famille râlent après cette phrase de Jésus : « qui s’occupe des repas à la maison, des lessives, des courses… c’est nous les femmes !... la contemplation de Marie, c’est bien ! mais qui fait le boulot ? » Et pourtant Jésus est net : ‘Marie a choisi la meilleure part !’ est-ce un dédain des choses pratiques ? essayons de comprendre :
La vie spirituelle est une interpellation perpétuelle faite à notre quotidien , notamment à ses soucis… « qui d’entre nous, en se faisant du souci peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? » (mat 6,27) ou ce que dit Saint Pierre : "Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous;" (1 Pierre 5.7)
la vie spirituelle nous prend à rebrousse-poil sur ce point : être pris dans le stress et râler quand les choses ne vont pas droit. C’est normal ! et nous concluons : Il faut prendre Marthe dans son caractère râleur ! elle a raison.
Humainement parlant peut-être, mais spirituellement parlant, non ! Car beaucoup de choses nous empêchent d’accueillir le Maître quand il vient ‘nous visiter’. Par exemple Zachée accueille le Maître (Lc 19, 5) : « Zachée, descend vite, car aujourd’hui il me faut demeurer chez toi » . Si Zachée avait râlé et était resté enfermé dans ses soucis, rien ne serait passé !
Quand le pharisien Simon accueille Jésus à table, il est plein d’amitié… mais l’accueille-t-il vraiment…il râle contre cette prostituée versant du parfum sur les pieds de Jésus. Mais c’est elle qui l’accueille vraiment : « Il (Jésus) se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. … Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour» (luc 7, 44s) Rien ne s’est passé chez le pharisien Simon, malgré son geste d’accueil. Mais tout s’est transformé chez cette femme prostituée.
Pourquoi ? la réponse est chez Marthe et Marie : « Elle (Marthe) avait une sœur appelée Marie qui s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. » (verset 39) l’expression ‘s’assoir aux pieds’ est typiquement biblique. Elle désigne l’apprentissage d’un Maître comme chez saint Paul : « je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu… » (actes 22, 3)
Prenons du temps pendant ces vacances à nous ‘assoir aux pieds du Maitre’ et à l’accueillir comme un hôte : « N'oubliez pas l'hospitalité; car, en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir. » (Hébreux 13, 2)
+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé