Témoignage : "Je ne suis jamais seule quand je visite un malade" - Sylvie, aumônière à l'hôpital de Morlaix

Après un premier article consacré à l'aumônerie de l'hôpital (lire l'article), voici aujourd'hui le portrait de Sylvie, aumônière hospitalière sur Morlaix.


Sylvie, avec son badge, devant les locaux de l'aumônerie de l'hôpital
Sylvie, avec son badge, devant les locaux de l'aumônerie de l'hôpital

Qui, sur le doyenné,  ne connaît pas Sylvie ? Pour une prépa baptême, une prépa mariage, au cours d’une célébration, sur le parvis de Saint Melaine… Votre attention a forcément été captée par son sourire chaleureux, magnétique, son regard attentif et généreux : après l’avoir croisée, vous vous sentez irrémédiablement plus beau, plus bon, plus joyeux.

 

Laïque en Mission Ecclésiale (LME) à mi-temps, elle anime ainsi depuis plusieurs années, de nombreux services d’Eglise. Sur son autre mi-temps, elle est, et c’est moins connu, aumônière à l’hôpital de Morlaix depuis juin 2013, travaillant en équipe avec Florence, l’autre aumônière.

 

Bien sûr, elle vous dira que le terme « aumônière » ne lui plaît guère (lire l’encart ci-après). Lorsque le téléphone de l’aumônerie sonne, elle se présente plus facilement comme « aumônier de l’hôpital ».

Mais peu importe le terme. Sa mission, elle nous en livre un témoignage profond et enthousiaste, pétri de foi et de confiance. Comme elle.


Sylvie, comment devient-on aumônière hospitalière ?

L’année dernière, un poste se libérait à Morlaix. Le Père Yves Laurent m’en a parlé, pensant que la fonction pourrait me convenir.

 

Première réaction : c’est absurde, cette proposition ! Ça ne me correspond pas du tout ! Trop émotive ! Et puis j’ai osé : dès le lendemain, j’ai postulé, par curiosité, en confiance avec ce qui m’y attendrait : « Vas-y ! Tu verras bien ! Si c’est pour toi, Jésus sera avec toi. »

 

Quelques rendez-vous plus loin (avec les Ressources Humaines du diocèse, et la direction de l’hôpital entre autres), ma candidature a été retenue. J’étais en poste un mois plus tard !

Et depuis ?

Depuis, c’est une mission formidable. Je la découvre chaque jour un peu plus. Elle m’apporte énormément, au-delà de tout ce que je pouvais imaginer.

 "Au début, j'avais peur."


Au début, j’avais peur. Et puis, je me suis très rapidement rendue compte d’une chose : quand je franchissais la porte d’une chambre, malgré tous mes doutes, toutes mes incertitudes, tous mes manques, je n’y entrais jamais seule : Jésus est toujours à mes côtés. Depuis, peu importe ce qui m’attend derrière la porte : je suis portée par la confiance que Jésus a en moi.

 

"Je suis toujours étonnée par ce que j'arrive à dire!"

 

Cela, je l’ai ressenti dès ma première visite. Il s’agissait d’un monsieur en fin de vie. Ses deux filles l’entouraient, désemparées. Moi, j’avais peur ne de pas être à la hauteur, de ne pas savoir quoi dire. Et puis, les mots sont venus, tous seuls, presque malgré moi… La personne est décédée. Dans la sérénité. Les remerciements reçus alors m’ont directement touchée et confortée dans ma décision.


Un autre cas qui m'a marquée à mes débuts est celui d'une autre personne en fin de vie, inconsciente. Son épouse lui tenait la main, désemparée également. J’ai accompagné ce monsieur par un temps de prières. Au-delà de toute attente, il a ouvert les yeux, tranquille… Il est décédé dans la soirée. Pour sa femme, cela a été un véritable apaisement de le voir partir ainsi… Je n’avais pas eu l’impression de faire grand-chose, et pourtant, pour cette femme, cette sérénité, cet apaisement étaient beaucoup.

 

En acceptant cette mission, je ne m’attendais pas à cela. Je suis toujours étonnée de ce que j’arrive à dire. En tant qu’être humain, répondre à cette mission toute seule, ce n’est tout simplement pas possible.

Sans l’aide de l’Esprit Saint, je n’arriverai pas à rentrer dans certaines chambres.

 

"C'est vraiment grâce à l'aide de l'Esprit Saint que je peux réaliser cette mission"

 


Qui êtes-vous amenée à rencontrer dans le cadre de cette mission ?

 

"A chaque visite,

je m'en trouve toujours plus grandie."

 

Chaque jour, je rencontre des personnes toutes très différentes : des patients en soins de suite, en fin de vie, en service psychiatrique, des personnes seules, des personnes inquiètes, des personnes sereines, des personnes heureuses de ma visite, des personnes croyantes, d’autres qui l’ont été, d’autres qui ne le sont pas, des familles, des gens de tous âges...

 

Nous avons auprès de toutes ces personnes deux rôles. Le premier est un rôle d'écoute, très laïc. Il s'agit ici de répondre aux demandes de visites des patients ou des familles : pour une écoute, un accompagnement dans des moments difficiles, ou simplement une petite visite amicale.


Et nous avons également une mission d'Eglise. Elle consiste à répondre aux demandes religieuses: communion, sacrement de baptême ou de réconciliation, onction des malades,  prières de recommandations, funérailles, animation de temps de célébrations...

Quel que soit le terrain sur lequel nous intervenons, toutes ces rencontres sont riches. En tant qu’aumônier hospitalier, on grandit à côté des patients. A chaque visite, je m’en sens d’ailleurs toujours plus grandie qu’abattue.

Vous donnez l'impression d'un échange très fort entre les patients et vous ...

On donne beaucoup, bien sûr. Les mercis des patients ou des familles en témoignent. Mais eux, nous donnent encore plus. Cela nous fait du bien. Parfois, ce sont de petits mots tout simples : «Vous êtes jolie ! J’aime bien votre foulard!...».

 

Mais, on sent, à travers ces petits mots, tout le plaisir et tout le bien que leur font nos visites. Ils ont avant tout besoin de voir qu’il n’y a pas que le personnel médical, qu’il y a quelqu’un de tout simplement aimant, avec eux, pour eux.

 

Il faut simplement aimer les gens, les prendre comme ils sont, dans leur faiblesse. L’hôpital est un lieu privilégié pour cela : on y sent plus qu’ailleurs toute la beauté et la fragilité de la vie.

Aumôniers et bénévoles, nous y faisons chaque jour l’expérience de la confiance en Jésus. C’est juste magnifique…

(Interview et photo : B. de Lignières)


L’aumônerie de l’hôpital de Morlaix en pratique

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Sylvie MORIN et Florence de LAUZANNE

 

  du lundi au vendredi - 9h30/17h00

06 60 02 48 01 et 02 98 62 62 18

 aumonerie@ch-morlaix.fr

 

Les célébrations regulieres assurees par l'aumonerie

 

  •  Tous les lundis - 14h30 - à Plougonven - Service "Guervenan"
    (messe : 2ème et 4ème lundis du mois)
  •  Tous les mardis - 10h45 - à Morlaix - Service «Bélizal»
    (messe : 2ème et 4ème mardis du mois)
  • Tous les vendredis - 10h30 – à Plougonven - Service psychiatrique  «An Haleg »