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« J’encourage, avant tout, à faire des prières pour les chefs d’Etat et ceux qui exercent l’autorité…»

Voici un texte (2ème lecture de la messe du dimanche) qui vient à point nommé. Le Chef d’Etat à l’époque est l’empereur Néron, despote sanguinaire. Il a assassiné sa mère Agrippine et persécuté les chrétiens après l’incendie de Rome en 64. C’est un comble que Saint Paul demande de prier pour lui ! Pourquoi ? Le texte continue : « Afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu ».



le bien commun

 Ces qualités de vie désignent proprement le ‘bien commun’. Ce terme est issu de la pensée sociale de l’Eglise. Benoît XVI le définit ainsi : « C’est le bien du ‘nous tous’, constitué d’individus, de familles et de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale » (Caritatis in veritate § 7). Ce ‘nous tous’ aspire à vivre dans l’égale dignité pour tous.

Saint Paul élargit donc le domaine de la prière au ‘politique’ : inclure notre attention spirituelle à la recherche du ‘bien pour tous’. Cette prière, ils en ont bien besoin, quelque soient leur tendance, quelque soit notre ferveur ou notre opposition à leur encontre.  Affrontés aux problèmes contemporains (retraites, migrations, injustices de salaires, capitalisme invasif, PMA pour tous, etc…), soumis à tous les courants idéologiques de l’opinion publique, ‘ceux qui ont l’autorité’ ont besoin aujourd’hui aussi de notre prière pour que vérité et dignité adviennent dans notre Espace commun : attention à tous, notamment aux plus faibles. Être attentif au politique demande de prier pour eux et refuser de prier sincèrement pour eux, c’est négliger le politique. 

 

Prière, analyse et action politique

Saint Paul continue : « Je voudrais donc qu’en tous lieux les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute ».

Prière pour les dirigeants, analyse politique (aidée par la pensée de l’Eglise) et action politique (chacun à son niveau), voilà trois outils aux mains de chacun de nous pour exercer notre citoyenneté. Saint Clément de Rome, pape à la fin du 1er siècle, priait ainsi pour les gouverneurs de l’Empire romain :

« Accorde-leur, Seigneur, la santé et la paix, la concorde, la stabilité pour qu'ils exercent sans heurt la souveraineté que Tu leur a remise… Dirige, Seigneur, leur conseil, suivant ce qui est bien, suivant ce qui est agréable à tes yeux, afin qu'en exerçant avec piété, dans la paix et la mansuétude, le pouvoir que tu leur as donné, ils te trouvent propice. »

 

P. Jean Michel Moysan