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Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? (Mt 20, 15)

Dans le contexte immédiat de cette parabole des ouvriers de la dernière heure, de nombreux publicains et prostituées ont rejoint les foules pour entendre le maître et ça murmure chez les pharisiens...



...une prostituée se convertissant ne peut être aimé autant que des fidèles juifs depuis leur enfance… dans le contexte où Matthieu écrit son évangile (dans les années 70 après notre ère), de nombreux païens ont rejoint les rangs des chrétiens qui d’abord venaient du judaïsme… et ça murmure : comment Dieu peut-il ouvrir sa miséricorde aux païens venus à la foi à la dernière heure du jour ? Et ça murmure… Dans les deux situations, ça murmure et le ‘bon’ maître du domaine dit à ceux qui murmurent : « Ton regard est-il mauvais parce que  moi je suis bon ? »

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Un exégète contemporain dit ceci : « Cette parabole n’est donc centrée ni sur l’idée de l’appel ou de la vocation de Dieu, ni sur celle du jugement contre les premiers ouvriers… ni sur celle de l’égalité de tous les hommes devant Dieu, ni sur celle du mérite égal de tout travail pour Dieu, mais sur celle de la bonté souveraine de Dieu qui accueille, par Jésus-Christ, les tard-venus au Royaume de Dieu » (Pierre Bonnard, l’évangile selon St Matthieu, p. 292) 

Bonté

La bonté souveraine de Dieu pour toute personne ! Voilà ce que nous avons à témoigner ! Or quand nous commençons à parler de notre foi, vient la phrase « mais moi je ne suis pas croyant ! » et cela nous coupe l’élan missionnaire. Que faire ? Ne pas être effrayé par cette déclaration. Que l’autre se déclare incroyant n’est pas une barrière pour Dieu et il nous faut être convaincu que l’amour de Dieu est pour chaque personne, croyante ou non croyante : « La bonté du Seigneur est pour tous » (psaume 144).

Quelque soit son âge, qu’il soit jeune, ado, adulte ou vieillard, Dieu désire le gagner à son amour universel et l’appeler à travailler à sa vigne.

Comme le maître de la vigne, Dieu court secrètement les rues de nos villes et campagnes à toute heure du jour et appelle à entrer à la vigne : « Mon Père est à l’œuvre et moi aussi » dit Jésus (Jn 5, 17). 

Cet amour de Dieu vient à son heure, entre la première et la 11ème heure et il appelle ceux qui sont en attente ! Partons avec l’a priori que toute personne est en attente secrète de cet amour de Dieu se donnant à lui, car « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (1 Jn).

Croire que Dieu donne son Fils aux hommes encore aujourd’hui est la posture du disciple missionnaire !

P. Jean Michel Moysan, curé