Ça sent le confinement ! Pendant deux mois, beaucoup de chrétiens disent avoir senti la faim de l’eucharistie. Ils ont vécu ce manque évoqué par le texte : « Il
t’a fait passer par la pauvreté ».
Pour beaucoup d’entre nous qui pratiquons tous les dimanches, l’eucharistie est habituelle et nous n’éprouvons pas ce qu’est en manquer. D’autres qui ne peuvent pas communier (enfants, divorcés remariés) peuvent éprouver une frustration énorme et un désir énorme de communier.
chair et sang
Pour éclairer ce qu’est l’eucharistie, il faut laisser résonner le texte étrange lu à la messe ce dimanche : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang à la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 54).
Or pour un israélite, la chair, ce n’est pas d’abord la biologie, c’est l’humanité de quelqu’un, faite de volonté, de sentiments, d’intelligence, une humanité pétrie ‘de chair et de sang’ ; le sang, c’est la vie qui coule dans le corps de quelqu’un.
Il faudrait donc ‘traduire’ ainsi le verset : « Celui qui se nourrit de mon humanité, et qui s’abreuve à ma vie a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour ».
vie donnée
L’humanité de Jésus est belle et bonne. Il suffit de regarder son amour pour les gens… le chrétien désire s’en nourrir au jour le jour, comme il se nourrit physiquement. La vie donnée jusqu’au sacrifice de soi chez Jésus est belle et bonne également et elle va ‘couler dans nos veines’ quand nous communions à Lui. La communion eucharistique est source de vie parce que d’abord la communion spirituelle au Christ est source de vie : « Celui qui me mange, lui aussi vivra par moi » (Jean 6, 57)
Comment cela peut-il se faire ?
Nous avons la même question que les juifs : « Comment cet homme peut-il donner sa chair (son humanité) à manger ? »
La réponse chrétienne est celle-ci : l’humanité du Christ est une humanité ressuscitée, lumineuse, transformée par Dieu et être chrétien, c’est décider de s’en approcher pour s’en nourrir et prendre le Christ comme maître : « N’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait monter du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage… il t’a donné la manne » (Deutéronome 8).
Quand nous communions, abandonnons-nous au Christ qui aujourd’hui nous tire de nos esclavages et nous ressuscite dans notre ‘chair’, ceci pour la vie éternelle !
P. Jean Michel Moysan