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« Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ! Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ! » (Matthieu 10)

J’aurais refermé le livre, écœuré, si cette parole n’était pas de Jésus ! Elle m’a obligé à lire plus haut, plus intelligemment, plus profondément ! Car Jésus est intraitable contre ceux qui relativisent le commandement « honore ton père et ta mère » et qui fuient le soin à leurs vieux parents (Marc 7, 10) et de plus, les enfants sont une bénédiction dans la Bible. 



Alors pourquoi tout d’un coup, ce coup de frein à l’amour, cette distance à mettre entre eux et nous ? Sommes-nous coupables de trop aimer nos enfants ? La foi empêche-t-elle de vivre la profondeur ‘charnelle’ des liens familiaux  ?

profondeur

C’est précisément la profondeur de notre amour qui est en jeu. Celui que Dieu touche voit son amour se transformer et s’élargir : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi » (Gal 5, 22)… Ayant pris le Seigneur comme premier servi, il le cherche d’abord : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste sera donné par surcroît »… un surcroît d’amour est donné quand Dieu est le premier servi : si Dieu n’est pas dans nos histoires d’amour, alors nos histoires ternissent, s’effritent et s’effondrent (Christian Bobin, Ressusciter) Quand Dieu est aimé de manière absolue, l’amour pour sa famille est enrichi, purifié… Cela est clair quand l’amour en famille est difficile, souffrant… « Vous, les enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car c’est cela qui est juste ; et vous, les parents, ne poussez pas vos enfants à la colère, mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements inspirés par le Seigneur ». La Grâce forme en nous la patience, un regard neuf pour chacun.

 

Liberté

Mais quelquefois, des personnes doivent choisir entre leur foi en Jésus et la famille, pas seulement dans les périodes de persécution, mais même chez nous, lorsque la foi de l’un est moquée, critiquée, non reconnue… et il se demande : ‘ne vaut-il pas mieux tout lâcher pour ne pas être exclu du cercle familial ? ’ … Suivre Jésus, c’est devenir libre, même en famille : « Frères, c’est à la liberté que vous avez été appelés, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair » (Galates 5). D’où la parole cinglante de Jésus : « Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » .

 

P. Jean Michel Moysan