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« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Mt 21, 42)

Les grands prêtres et les anciens du peuple savent que cette parabole est pour eux. Ils sont les héritiers de ceux qui autrefois ont tué et rejeté les prophètes comme Elie, Jérémie, Ezéchiel. 



 Ces derniers ont été rejetés hors de la vigne (symbole du Peuple d’Israël), emprisonnés, bref sacrifiés… la violence contre eux a été complète. Elle le sera aussi contre le Fils (Jésus) à son heure. La question fuse : un peuple qui produit des fruits aussi amers, des raisins aussi pourris, de la méchanceté même envers le Fils de Dieu doit-il continuer à être divin ? Ne faut-il pas arrêter les frais, et rebâtir le Royaume de Dieu sur d’autres bases ?

Question

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

Cette question, Jésus la pose pour le peuple juif en son temps et affirme : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits » (verset 43). Va-t-on dire que l’Eglise a remplacé le peuple d’Israël dans sa mission divine ? l’Eglise ne le dit pas, car le peuple d’Israël continue à exister et à porter ses propres fruits en dehors de la foi en Jésus, mais à partir de ses propres sources (La Loi). Il n’a pas été rejeté par Dieu, car, dit Saint Paul aux Romains, « les dons et appels de Dieu sont irrévocables »  (Romains 11, 29).

Par contre, l’Eglise sait que la racine de ses fruits spirituels, c’est la ‘pierre d’angle’, Jésus rejeté par les bâtisseurs.

Libération

De plus, c’est parce qu’il a été rejeté qu’il est sauveur : « C’est pourquoi Jésus, lui aussi, est mort en dehors de Jérusalem, pour libérer le peuple de ses péchés avec son sang à lui. » (Hébreux 13, 12)  Jésus nous libère parce qu’il transforme son rejet en don de soi, en sacrifice pour Dieu le père. Et quand Dieu le Père le délivre de la mort, le ressuscite, le rejeté d’Israël devient pierre d’angle pour tous. L’Eglise est née, bâtie sur cette pierre nouvelle, destinée à porter du fruit ‘en Jésus’.

 

Partage

Puisse le chant d’Isaïe (1ère lecture) ne pas se retourner contre nous : «J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-il donné de mauvais ? » (Isaïe 5, 4).

Les chrétiens ne sont pas supérieurs aux juifs parce qu’ils ont Jésus… Mais si leurs gestes sont bâtis sur la pierre d’Angle, ils construiront une belle vigne.

Voilà pourquoi l’épitre aux Hébreux citée plus haut continue : « Par Jésus, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire des chants qui le reconnaissent comme Seigneur. N’oubliez pas de faire le bien et de partager ce que vous avez, voilà les sacrifices qui plaisent à Dieu. » (Hébreux 13, 15-16)

 

P. Jean Michel Moysan, curé