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C'est en toi que Dieu doit naître

"C'est en toi que Dieu doit naître. Que Christ naisse mille fois à Bethléem, et non en toi, tu restes perdu pour jamais" (Angelus Silésius, le Pèlerin chérubinique, livre1, 61)



Cette perle du mystique allemand, Angélus Silésius (1624-1677), lui-même baptisé le jour de Noël 1624, nous plonge dans la profondeur de ce qui se joue le 25 décembre : Noël aurait beau t’avoir donné tous les cadeaux du monde, t’avoir fait vivre un bon réveillon, t’avoir fait rire en famille, si Dieu ne naît pas en toi, ‘tu restes perdu à jamais’… Hélas, cette dimension religieuse de Noël (la naissance de Dieu en soi) est devenue la face cachée que beaucoup de croyants doivent vivre en famille en la taisant ! Mystère de notre société qui a sécularisé Noël !

Témoigner

Mais qu’est-ce qui a changé quand le Fils de Dieu devient chair ? Rien en apparence ! Quand Jésus est né, le monde romain ne l’a pas su et le jour d’après était pareil que le jour d’avant. Or  « aujourd’hui, vous est né un sauveur, qui est le Christ le Seigneur », dit l’ange aux bergers… début d’une histoire de libération intérieure pour ceux qui L’accueillent : « A ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir Enfants de Dieu, eux qui croient en son nom » (saint Jean 1, 12). Cette histoire de Jésus est arrivée jusque dans notre région…  des croyants en témoignent encore aujourd’hui : ‘Laissez naître Jésus en vous’, ont-ils envie de crier dans nos villes et maisons envahies de décorations de Noël et de sapins … et ‘vous ne resterez pas perdu à jamais’ ! Combien de personnes chez qui Jésus est né ont été sauvées… de la peur, du chagrin, d’une solitude irrémédiable, d’une vie sans but, de miroirs aux alouettes, de vie marquée par des transgressions qui les ont laissées tristes, etc…  Mais crier ne sert à rien, c’est en silence qu’il nous faut témoigner auprès de nos proches ! 

 

Ecouter

Justement, que peut nous apprendre la crèche ? C’est le silence ! … silence d’un enfant qui témoigne par son existence et non par sa parole ; silence de Marie qui, heureuse d’avoir mis au monde, offre à Dieu son enfant en se demandant quel sauveur Il sera ; silence de Joseph le protecteur qui est là, taiseux, mais présent ; silence des bergers qui contemplent dans cet enfant la présence cachée de Dieu… seul on entend le chant des anges qui rend gloire au Très Haut. Mais pour l’entendre, il faut avoir l’oreille fine et faire silence une nouvelle fois. Le bruit de Noël dans notre monde permettra-t-il de l’entendre et peut-être de laisser place à Dieu ?

Ecoutons encore le mystique Angelus Silesius :  « Que notre Dieu soit ainsi dans une étable, quelle misère, vite mon enfant, débarrasse ton cœur et offre-lui refuge !» (livre 6, 233)

 

P. Jean Michel Moysan