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Carême 2021 : témoignage du Service Evangélique des Malades

"Vivre nos épreuves avec le Christ,

six semaines pour marcher vers la Lumière". A la lumière de ce thème, voici le témoignage du SEM.



l'épreuve de la maladie

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

L’épreuve de la maladie se manifeste parfois par une grande souffrance morale, une révolte même; comme Solange qui n’arrivait plus à aller à la messe avec les autres résidents, elle n’allumait plus sa télé le dimanche et n’arrivait pas à prier. Je l’ai écoutée, puis je lui ai proposé de faire une prière ensemble, ce qu’elle a accepté. Je lui ai dit que jésus l’aimait toujours,  même si elle n’arrivait plus à prier, qu’elle avait le droit de crier sa souffrance à Dieu le Père, comme Jésus lui-même l’a fait : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ?» (Matthieu 27,46).

Deux mois environ se sont passés, Solange revient à la messe avec les résidents, a retrouvé une paix intérieure et arrive à prier. Sa souffrance physique, même morale parfois, est toujours là, mais elle sait que le Seigneur l’accompagne et la soutient. Pour nous qui visitons c’est un exemple d’humilité et de courage.

Les malades souvent sont dans la plainte et la demande. Je les accompagne par l’écoute, le partage de la prière et la lecture de l’évangile.

L’épreuve chez les malades, leurs familles, se manifeste de différentes façons : révolte, peur, résignation, repli sur soi, souhait de mourir ….

 

comment accompagner ?

Comment accompagner ? Tout d’abord par des visites d’amitié. Il faut du temps pour se connaître un peu (s’apprivoiser) être en confiance pour que les personnes que nous rencontrons puissent dire leur mal-être, parler de leur souffrance, de leur difficulté à prier. Il nous suffit d’être présent, d’écouter en toute humilité, d’être là simplement.

Je visite en EPHAD depuis quelques années et rencontre souvent Anne, personne handicapée, fidèle de la messe et à qui je porte régulièrement la communion. Il y a deux mois environ sa fille d’une grande fragilité est décédé subitement (seule personne qui venait la voir). Son petit-fils ne donnait pas signe de vie depuis des années. La situation actuelle étant compliquée, j’ai pris rendez-vous pour pouvoir la rencontrer. Je l’ai écoutée, évoquant la vie compliquée qu’avait eu sa fille, séjours à l’hôpital, vie conjugale difficile … maintenant elle est heureuse près du Seigneur… La prière remise à l’occasion du dimanche de la santé « Tout le monde te cherche » la réconfortait. Nous l’avons relue ensemble avant de nous quitter, elle était apaisée.

C’est pour moi une petite lumière . « Fait de ton mieux et laisse faire Dieu »

 

Christiane Messager, coordinatrice au SEM 

Témoignage de Pierre et Monique

Pierre et Monique ont perdu leurs deux enfants de maladies graves, irrémédiables, l’un à 30 ans, l’autre à 60 ans, sans petits-enfants. Chrétiens, ces épreuves ont lourdement ébranlé leur foi.  Sentiment d’injustice, d’incompréhension, de révolte et cris assourdissants : « Comment Dieu peut-il permettre la maladie, la souffrance ? », « Qu’a-t-on fait de mal ? Dieu punit… », « Pourquoi tant de souffrance, de catastrophes, dans le monde ? »

Oui, les épreuves les ont touchés, et les voici atteints d’un autre mal terriblement angoissant : vivre vieux, la fin de leurs jours, avec tout cela, apparemment sans Dieu.

Que de temps a été nécessaire pour exprimer tous ces cris, toute cette souffrance ! L’écoute est la clé qui ouvre la porte à une avancée possible. Quelques mots ont pu, ensuite, être posés, un texte, une prière offerts.

Peu à peu, est venue une nouvelle étape, celle de raconter leurs bons souvenirs, pêle-mêle : leur rencontre,  leur mariage, la vie avec les enfants, les voyages, les bons amis d’antan, en passant par leur enfance, et, à l’appui, la joie  de sortir des  photos  …

Un nouveau soupir jaillit :  « Maintenant, on n’a plus personne, on est seul », mais aussi  « Vous savez, c’est la 1ère fois de ma vie que je suis vieux ! ».  Oui, quel apprentissage ! Nouveau chemin pointant à l’horizon ?

Récemment, lors de la fin de vie d’une parente très chère, s’ouvre une nouvelle voie, surpris eux-mêmes : « J’ai prié pour elle ! ». L’émotion était là pour l’accompagner en sa dernière demeure.   

Pour Noël, la carte d’une crèche, reçue d’une nièce, était posée bien en évidence, touche finale d’un air festif donné à leur intérieur et à leur table : un beau moment de joie fut ainsi partagé. 

 Si, à ce jour, ils ne souhaitent ni recevoir les sacrements, ni rencontrer un prêtre, chacun garde, sur sa table de nuit, sa petite image « Tout le monde te cherche ! » et la prière qui l’accompagne devient leur prière secrète.    

C’est leur jardin intérieur !  Là, le Seigneur frappe à la porte de leurs cœurs et les visite dans le secret ! La lampe reste allumée, dans l’attente de la prochaine visite !