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Il est ressuscité ! Thème 2 : « Si je ne vois pas dans mes mains la marque des clous… » (Jn 20, 25)

Saint Thomas, c’est nous. Il ne croit que ce qu’il vérifie et quand il a vu et compris, il se donne à cent pour cent ! C’est notre ‘jumeau’ (Jn 20, 24).  Là, ce qu’on lui demande de croire dépasse l’entendement : Jésus leur est apparu physiquement vivant parlant après sa mort et ils l’ont vu et il n’était pas là.

 



Notre corps est fait pour la résurrection

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

Il faut souligner à l’envie l’impossibilité (à vue humaine) de ce que les 12 apôtres (moins Thomas et judas) ont expérimenté là. Quel corps était là devant eux ? Était-ce une hallucination maquillée en récit ? Or Jésus dit « Regardez mes mains et mes pieds : c'est bien moi ! Touchez-moi et voyez, car un esprit n'a ni chair ni os, contrairement à moi » (Luc 24, 39). Jésus insiste bien : c’est un vrai corps qui est là. Et il mangent et boivent avec eux ! Mais il apparaît (portes fermés ‘il fut là au milieu d’eux’ Jean 20, 19) et à Emmaüs, après la fraction du paix, leurs yeux s’ouvrirent et il disparut à leur regard (Luc 24, 31). Ce n’est donc pas un corps ‘comme nous’. Et surtout Saint Paul dit : « Le Christ ressuscité ne meurt plus ! » Il n’est plus dans la finitude mortelle, contrairement à Lazare qui va re- mourir. Nous sommes dans le paradoxe : c’est notre corps et ce n’est pas notre corps. Pour dire le corps ressuscité du Christ, Paul va employer le mot ‘corps spirituel’ (ou glorieux) opposé à ‘corps animé’, comme le nôtre. Qu’est-ce qu’un corps spirituel ? C’est un corps ‘entièrement spiritualisé’, transformé par l’Esprit de Dieu. Ceci est un mystère !

Cela veut dire que Dieu le Père ressuscite Jésus dans toute sa personne ‘corps et âme’, dans un corps entièrement spiritualisé. La mort physique l’a atteint, mais l’Esprit en lui (le lien à Dieu) n’est pas mort au vendredi saint… c’est par son Esprit qu’il a été revivifié, lui ‘corps et âme’ par l’Esprit saint envoyé par Dieu le Père.

Voilà ce que Thomas ne croit pas ! Dieu ne peut pas faire revivre un corps ! Il croyait sûrement que Dieu puisse faire revivre une ‘âme’, mais pas un corps… peut-être à la résurrection à la fin des temps (comme Marthe et Marie) ! Or c’est à Pâques (au milieu du temps) que la résurrection finale a lieu en Jésus.

Quelle expérience avons-nous de cela maintenant ? Quand la vie de Dieu nous atteint, notre corps change : le corps calme d’une paix intérieure qui revient, les visages qui pétillent de joie d’être aimé par Lui, des regards brillants habités, des gestes doux dans les contacts fraternels, des pleurs qui cessent et peut-être une guérison physique venue de Dieu.

C’est ce corps spiritualisé de Jésus qui se montre là devant Thomas. Et Thomas a raison : « Si je ne vois pas la marque des clous…  je ne croirai pas ! » Si Dieu n’est pas vainqueur de la mort physique, non, je n’y croirais pas !  Si Dieu ne guérit pas les blessures des clous de la haine, non ! je n’y croirai pas ! Il a raison, Thomas !

Or c’est notre finitude sur laquelle nous butons, ce sont nos maladies, nos croix qui nous font douter de la Résurrection des corps… la mort physique qui va nous atteindre tôt ou tard, même si nous sommes les meilleurs croyants. Et pourtant « Si Jésus n’est pas ressuscité (dans son corps), notre foi est vaine » (1 Co 15, 14) . Notre corps est fait pour la résurrection, comme celui du Christ, même s’il va mourir un jour. Nous vivons ce que dit Paul : « C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». (2 Co 4, 16) et il continue : « Nous le savons, en effet, même si notre corps, cette tente qui est notre demeure sur la terre, est détruit, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes. » (2 Co 5, 1)

 

 

Être revêtu de ce corps spirituel par Dieu lui-même, il nous faut l’espérer. Ce n’est pas pour maintenant puisque nous allons mourir, mais pour après, ‘au dernier jour’ : « A un signal donné, à la voix de l’archange, au coup de trompette de Dieu,  le Seigneur lui-même  descendra du ciel et les morts en Christ ressusciteront d’abord » (1 Th 4, 16) ! Cela nous est caché, c’est une espérance : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » !

Mais pour que Thomas baisse les armes, il lui faut faire l’expérience aujourd’hui que Jésus est vivant ! Nous aussi ! Sauf qu’il ne se montre plus à nous physiquement, mais spirituellement ! Laissons-le habiter en nous par la Parole et les sacrements… Nous comprendrons ainsi ‘par la foi’ beaucoup de choses !


Texte spirituel

(tiré de Max huot de Longchamp, Ressusciter d’entre les morts, collection Vives flammes)

Introduction au livre

Regarder la mort comme l’accomplissement de nos espérances, c’est ce que le christianisme nous enseigne le plus clairement et le plus fortement, c’est néanmoins, ce que nous ignorons comme si nous n’avions jamais été chrétiens. (Fénelon, Sermon pour l’assomption)

 

La mort : mot interdit de nos jours, peut-être parce que nous n’avons plus guère d’espérance. Redonner à cet évènement toute sa place dans le  mystère chrétien, retrouver en lui l’assomption que Dieu voulait pour ses enfants au soir de leur vie terrestre, montrer dans cette assomption l’épanouissement d’une vie d’oraison, telle sera l’ambition dans ces pages.

Avouons-le tristement : la plupart des chrétiens ne comprennent plus cette assomption, parce qu’ils ne croient que très vaguement à la résurrection. Certes, ils récitent chaque dimanche que Jésus est ressuscité des morts, mais trop souvent pour simplement mentionner un évènement insolite et dont ils auraient fort peu de choses à dire. Quant à leur propre résurrection, elle représente dans le meilleur des cas une lointaine récompense pour la fin des temps, et en attendant, leurs efforts sont surtout pour retarder le plus possible ce qu’ils appelleront pudiquement ‘les suites d’une longue maladie’.

Or le B-A BA de la vie chrétienne n’est pas que nous ressusciterons, mais que nous sommes ressuscités : ‘ensevelis avec le Christ dans le baptême, avec lui aussi vous avez été ressuscités’. Certes notre vie est cachée avec le Christ, en Dieu’, mais ‘quand le Christ paraîtra, alors nous aussi, nous paraîtrons avec lui dans la gloire’. En effet, nous avons déjà les ‘arrhes de notre héritage’, et depuis cette mort avec le Christ jusqu’à cette manifestation dans la gloire, c’est le mystère de Pâques qui s’accomplit en nous. Cet accomplissement recouvre exactement la vie chrétienne, ou mieux, la vie spirituelle du chrétien puisque ces arrhes sont l’Esprit que Dieu a mis dans son cœur’. Mais disons-le avec la force de l’Evangile, celui qui écoute la Parole de Jésus ‘est passé de la mort à la vie’, la vraie mort est derrière lui, et depuis son baptême, ‘quel pourrait être le fruit visible de l’Esprit invisible, sinon de rendre sa chair mûre et capable de l’incorruptibilité’ (St Irénée, 2ème siècle)

 

Quelques questions :

à Que signifie pour vous : ‘je crois en Jésus ressuscité’ ? Quel texte d’Ecriture vous éclaire le plus sur la résurrection de Jésus ?

à En quoi Thomas est votre ‘jumeau’ ?

à Et votre propre résurrection, qu’en pensez-vous ?

 

 


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