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« Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. »

Marie a accepté d’être la mère du Messie et Elisabeth, parente de Marie, est enceinte de six mois ! Et quand Marie la visite, son enfant (Jean-Baptiste) tressaille.



travail intérieur

C’est du psychologique ou du spirituel, demanderont certains ? Pour y répondre, je souhaite réfléchir spirituellement à cette grossesse d’Elisabeth et de Marie.

Pour Marie et Elisabeth, c’est la période de grossesse, de ces hauts et de ces bas que peuvent connaître une femme ! Et en plus, chez elle, la vie spirituelle s’y mêle, car les deux femmes vivent tout dans la foi.

Pour l’Eglise, cette période de grossesse de Marie et d’Elisabeth est la période de l’Avent. Et elle fait penser aux moments de ‘gestation intérieure’ de la foi en nous… Notre qualité d’être croyant en Jésus ne vient pas d’un coup ! Elle vient parce qu’elle murit en nous secrètement souvent lentement. Il faut des mois et parfois des années de travail intérieur pour que la joie, la paix, la lumière, la foi reçues de Dieu viennent. C’est cela l’Avent. C’est ce temps de gestation secrète du ‘Messie en nous’. Marie dit oui à l’aventure de la naissance physique du Messie et elle met neuf mois à la préparer. Nous, nous disons oui à cette aventure spirituelle de la foi et elle naît spirituellement en nous progressivement. Et à un moment donné, nous tressaillons, par exemple dans de vraies rencontres spirituelles, dans des retraites, dans des célébrations. La ‘vraie’ joie vient en nous, comme pour Elisabeth.

 

veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillissent les sources de la vie

Il nous faut être attentif aux expressions de l’enfantement spirituel dans la Bible. Jérémie décrit sa vocation ainsi : « Avant même de te former au ventre maternel, je t'ai connu; avant même que tu sois sorti du sein, je t'ai consacré… » (Jr 1,5). Avant d’être prophète, Dieu l’a travaillé et il a enfanté des bons fruits. A l’inverse, le sage Job repère l’homme méchant  : « Il conçoit le mal et il enfante le mal, il mûrit dans son sein des fruits qui le trompent ». (Job 15:35). Qu’enfantons-nous dans notre vie ? Des fruits bons issus de la foi ou des fruits mauvais ?

Pour saint Paul, le monde est en situation d’accouchement permanent : « Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore… Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. » (Romains, 8, 22)

Méditons sur cette période de la grossesse de Marie et d’Elisabeth pour notre enfantement patient en ‘Dieu’, car, comme le dit le Livre des Proverbes  « Par-dessus tout, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillissent les sources de la vie » (Proverbes 4, 23)

P. Jean Michel Moysan, curé