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« Aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays ».. (Mt 4, 24)

Jésus revient dans son pays de Nazareth et quand il prêche, ça résiste ! Mais une révélation sans résistance est-elle encore une révélation : « Il appartient à la Révélation d’apparaître en tant que tel intolérable et irrecevable, justement parce qu’elle se donne comme absolue », dit le philosophe chrétien Jean-Luc Marion.



envoyé par le Père

Il nous faut prendre très positivement ce fait de cette résistance de ses contemporains. Nous sommes aux antipodes de la découverte de l’aveugle-né (« je crois, Seigneur » et il se prosterna devant lui. Jean 9, 38), de la femme hémorragique guérie (« elle vint en tremblant se jeter à ses pieds » Luc 8, 47), etc…

Ces résistances rappellent les résistances de notre culture contemporaine à la foi et nos propres résistances quotidiennes à la personne du Fils de Dieu Jésus. Les résistances, c’est normal ! Pourquoi ? Parce que Jésus vient « d’ailleurs » et il nous ouvre à « autre chose » d’absolu. A recevoir cet ‘ailleurs’ (Dieu), nous résistons. Quelles résistances apparaissent chez les Nazaréens ? J’en vois trois.

« N’est-ce pas là le Fils de Joseph ? » (verset 22). Traduisons : Jésus n’est qu’un homme, un sage, un homme vertueux… Nous résistons à la confession de foi qu’il vient de Dieu, « envoyé par le Père », « Verbe fait chair qui a habité parmi nous » (Jean 1)… Notre culture veut bien de Jésus sage, mais non de Jésus venant de Dieu nous libérer. Dans notre vie de foi, nous avons du mal à croire en Jésus, Fils de Dieu venu s’incarner pour nous ‘relever de la mort’. 

 

Prophète

Autre résistance : « Un prophète ne trouve aucun accueil favorable dans son pays » (verset 24) Traduisons : nous sommes des habitués à la Parole, nous les ‘vieux croyants’. Nous habitons le pays de Jésus depuis notre naissance ! Contrairement à des ‘nouveaux-nés’, des recommençants ou des étrangers à la foi (comme Naaman le Syrien ou la veuve du pays de Sidon). Ils ont une réception très sensible aux choses de Dieu et ils boivent à gorge déployée cette parole de Jésus : « Celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jean 7, 37)

Autre résistance : « Nous avons appris ce qui s’est passé à Capharnaüm, fais pareil ici » (verset 23) Dieu ne donne pas à tous la même chose, mais il donne selon l’ouverture de la foi. La foi est première et c’est ce qui manque aux Nazaréens : « Car, pour s’avancer vers Dieu, il faut croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. » (Hébreux 11, 6)

 

« Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance »

Résister, c’est normal ! Repérons nos résistances à la foi, verbalisons-les, accueillons-les et laissons le Seigneur Jésus, l’Absolu, se révéler à nous, briser nos résistances. Abandonnons-nous à Lui, car « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10)

P. Jean Michel Moysan, curé