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« Maître, nous avons peiné toute la nuit, sans rien prendre » (Luc 5,5)

Les disciples sont là en train de laver leurs filets, tristes. Leurs barques sont sur le rivage. Et Jésus monta dans une des barques : « Puis il s’assit et de la barque, il enseignait les foules »



Mais eux sont désespérés : ils attendaient que la mer leur offre leur salaire journalier et leur nourriture. Que mangeront-ils, eux et leur famille ? C’est la précarité et donc peut-on écouter un prédicateur qui est là auprès de vous, alors que les filets sont vides ? Les belles paroles n’ont jamais remplis un estomac. Ventre affamé n’a pas d’oreille !

«Avance au large et jetez vos filets pour la pêche»

C’est dans cette situation de soucis que retentit l’appel de Jésus: «Avance au large et jetez vos filets pour la pêche»… Ne restez pas dans ce souci, au bord du rivage, mais allez au large avec confiance, leur dit le Seigneur ! Deux réactions sont possibles à cet appel de Jésus : ‘nous avons déjà peiné toute la nuit sans rien prendre’… sous-entendu, nous sommes fatigués et découragés ! Ou ‘mais sur ta parole je vais jeter les filets’ sous-entendu puisque c’est Toi qui nous le demande, nous repartons ! Jésus est leur Maître et ils l’écoutent ! Sans lui, il n’y a que le découragement. Avec lui, ils reprennent la mer !

 

quels filets ?

Que de situations de soucis cette histoire évoque pour chacun ! Lorsque nous restons seuls croyants dans notre famille, lorsque la transmission ne s’est pas faite chez les enfants ou petits enfants, tout nous décourage ! Et au fond de ce découragement, il nous faut entendre : « Avance au large et jetez les filets »… quels filets ? Les filets de foi personnelle que nous avons, de la bienveillance et du sourire à déployer sur tous ! … Lorsque nous donnons beaucoup dans notre activité d’Eglise, sans résultat apparent, lorsque les filets de l’apostolat sont vides, nous baissons les bras et il nous faut entendre : « Avance au large et jetez les filets ». Quels filets ? Les filets de la seule conviction heureuse et pas prosélyte de ce qui vous habite : le Christ ! Lui fera le reste ! Lorsque dans la société, tout se fait sans la foi en Jésus, lorsqu’elle est rendu inutile chez la plupart des gens, il nous faut entendre : « Avance au large et jetez vos filets »
Quels filets ? Ceux de la solidarité, de la compassion et de la fraternité donnée ‘parce que’ vous croyez au Christ !

 

Allons-y

Un dernier point : quand sur la parole de Jésus, nous décidons de rebondir, bref d’avancer au large, nous ne savons pas d’avance ce qui adviendra, quelles personnes seront touchées, car ‘ce sont bien des hommes que tu prendras’, dit Jésus aux apôtres… il nous faut humblement dire dans la nuit : ‘sur ta parole, je vais jeter les filets’. Allons-y surtout quand l’essentiel est menacé !

 

P. Jean Michel Moysan, curé