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« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » (Luc 6, 27)

C’est facile de dire cela dans une prédication, du haut de la chaire ! Mais quand on est confronté à des ennemis en pleine guerre, dans un conflit familial haineux ou dans une lutte à mort à l’intérieur d’une association, il faut être un héros ou un saint !



l’ennemi est aussi un homme

Dans ces situations, le fond de la foi en Dieu est sollicité, car ‘œil pour œil, dent pour dent’ devient vite notre loi ‘naturelle’ dans l’affront. Mais pourquoi faire plus ? Pour deux raisons : d’une part, pour arrêter la violence avec son cycle de vengeance et continuer à aimer (c’est l’ADN du chrétien) ensuite parce que « Dieu fait briller son soleil sur les méchants et sur les justes ».  Autrement dit : l’ennemi est aussi un homme ! Saint Augustin, dans son commentaire de la première épître de saint Jean, dit dans le même sens : « Tu vois ton ennemi s’opposer à toi, se déchaîner contre toi, […] te poursuivre de sa haine : mais tu es attentif au fait qu’il est homme. »

« Continue d’aimer ! »

Il nous faut arrêter la violence, si on ne veut pas mourir avec : « Rentre ton épée, car qui prend l’épée périra par l’épée », dit Jésus à Pierre l’ayant dégainé pour protéger son  maître. La violence qui nous atteint nous façonne une âme grise, hargneuse, avide d’humilier et de frapper le corps ou le cœur. Dans ces situations, Jésus dit : « Continue d’aimer ! » Notre Maître l’a vécu le premier. Puissions-nous le suivre jusque là ! Un théologien, Saint Hilaire de Poitiers, père de l’Église du 4ème siècle dit ceci : « La foi brise les mouvements de violence dans l'esprit de l'homme, non seulement en empêchant la colère de se venger, mais encore en l'apaisant jusqu'à nous faire aimer celui qui a tort. » 

prier de tout notre cœur

Certains l’ont fait. Martin Luther King, pasteur protestant, au plus dur des manifestations pour les droits des Noirs aux USA a dit : « Heureusement que Jésus ne m’a pas demandé de trouver mon ennemi sympathique. Je ne peux pas trouver sympathique celui qui envoie ses chiens sur moi et détruit ma maison. En revanche, je peux l’aimer. » Aimer, c’est essayer de le faire grandir (extrait du journal La croix). Le Frère Christian de Chergé, père abbé du monastère à Tibhirine, en Algérie,  lorsqu’après l’intrusion d’hommes en armes dans son monastère, a écrit : « J’avais la force de dire à cet homme menaçant qu’il restait pour moi un être humain. » (extrait du site Aletéia). Un orthodoxe, Saint Silouane, ermite disait ceci : « Si nous prenons l’habitude de prier de tout notre cœur pour nos ennemis et de les aimer, la paix demeurera toujours dans nos âmes mais si nous prenons en haine notre frère ou si nous le jugeons, notre esprit s’obscurcira, et nous perdrons la paix et notre confiante approche de Dieu. »

P. Jean Michel Moysan, curé