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« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous… » (Jean 20-25)

J’avoue que j’aime bien Thomas l’Apôtre, je m’y reconnais ! Car on ne me fera pas gober n’importe quoi !

Qui n’a pas entendu cela ? 



« Il leur montra ses mains et son coté »

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

La première visite de Jésus ressuscité à ses disciples est racontée ainsi : ‘Alors que les portes étaient verrouillées par crainte des juifs, Jésus vint et il était là au milieu d’eux’.  Le verrouillage des portes est-il intérieur ou extérieur ? La mort verrouille tellement nos portes, détruit notre espérance surtout quand nous aimions notre proche décédé… tout le monde est dans cet état spirituel : quand la mort est là, c’est fini !

Or malgré les portes fermées, Jésus est là, ‘en chair et en os’, disons ‘debout’ : « Il leur montra ses mains et son coté ». Ce n’est pas un fantôme, c’est bien lui ! Il faut vraiment en avoir fait l’expérience de l’intérieur pour y croire. Raconté à quelqu’un d’extérieur, c’est non-croyable ! Seuls les apôtres présents ce jour-là dans la communauté l’ont cru ! Ils l’ont cru parce qu’ils l’ont vu !

Thomas n’était pas là ! Et il ne croit pas les témoins : « Si je ne vois pas la marque des clous… » Nous avons beau dire à d’autres notre expérience intérieure de Dieu faite un jour, notre entourage nous regarde d’un œil bizarre (c’est son truc ! ) voire franchement moqueur (il a eu une vision !). 

deux exemples

Et pourtant, deux exemples éclaireront : en 1205, Saint François d’Assise a vingt-trois ans. Il est en prière devant le crucifix de la chapelle Saint-Damiano. Selon Thomas de Celano (Vita Prima), c'est ce crucifix qui aurait parlé à François d'Assise et qui lui aurait dit : « Va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine! »… et il va humblement réparer la chapelle. Il ne sait pas que c’est la grande réparation de l’Eglise qui l’attend vraiment !

 

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1583) est déjà religieuse, attachée aux relations mondaines. Un jour, par hasard, elle voit dans un oratoire une image de Jésus-Christ souffrant (attaché à une colonne). Elle dira : « C’était une représentation si vive de ce que Notre-Seigneur endura pour nous, qu’en voyant le divin Maître dans cet état, je me sentis profondément bouleversée…» Et elle se ‘convertit’ vraiment à ce moment-là.

relancer la foi et l’amour

De nos jours, certains font l’expérience d’être bouleversés par telle Parole de Jésus, par tel évènement de sa vie, par la réception de tel sacrement (eucharistie, pardon, onction des malades) qu’ils ‘voient’ dans leur cœur le Maître. Ils se convertissent ! Quand cela vient, accueillons-le. Cela nous est données pour relancer la foi et l’amour ! Mais c’est rare, car dans la vie ordinaire, c’est la foi sans la vision. Entendons alors cette phrase de Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

P. Jean Michel Moysan, curé