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« Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme... » (1 corinthiens 7, 29)

Bref, pourquoi faut-il faire ‘comme si’ tout cela n’existait pas, qu’il nous fallait attendre notre ‘patrie cé-

leste’ pour ‘entrer dans la Vie’, comme dit Sainte Thérèse ? comment comprendre cela ?

IL ne suffit pas de dire que l’Eglise n’est pas contre le plaisir, l’épanouissement... pour régler la question ! car il faut admettre qu’il y a là un tiraillement spirituel quand la vie du Christ nous prend au corps, quand elle vient nous habiter : « si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu...  (Ephésiens 3, 17). Quand je suis habité par un tel ‘Absolu’, tout le reste devient relatif... c’est-à-dire mis en relation avec cet Absolu (le Christ) qui habite en nous de plus en plus... C’est lui le premier ! Tout (notre vie affective, relationnelle, nos engagements) doit être retrempé, plongé dans le Christ. Et quand le Christ habite en nous de plus en plus, beaucoup de choses deviennent très relatives ! parce qu’il y a un autre bonheur qui est présent !

Saint Paul sait bien que nous commençons par être humain avec tous nos désirs bons et exaltants avant d’être spirituel : « Ce qui vient d’abord, ce n’est pas le spirituel, mais le physique ; ensuite seulement vient le spirituel. Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. » (1 corinthiens 15,46). On ne peut pas demander à un jeune fiancé de faire « comme s’il n’avait pas de femme » (verset 29), ou à ceux qui pleurent après un deuil « comme s’ils ne pleuraient pas » (verset 30) ou à un jeune de 20 ans pétri de joie de faire « comme s’il n’en avait pas » (verset 30)... quand le ‘ciel’ commence à habiter en nous, nous prenons conscience que notre patrie c’est le ciel !: « Mais nous, nous avons notre ci-

toyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ » nous dit Saint Paul (Ph 3, 20)... le Christ va venir métamorphoser tout en nous.

Et peu à peu la vie avec un conjoint trouve une dimension renouvelée, la joie d’exister change ! les pleurs de l’épreuve sont habités par le très haut... Admettons que nous ne sommes pas totalement in patria (au ciel) mais in via (en chemin) ... Que la patrie (le Christ) habite déjà notre vie et peu à peu les choses changeront pour nous !

 

Nous sommes in via et non in patria...

 

+ Père Jean-Michel Moysan, curé