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Vendredi Saint

Et que nous osions, comme Véronique, essuyer ta face maculée pour révéler au monde sa Lumière. Nous lirons et méditerons les textes les plus poignants des Evangiles, et aussi d'Isaïe et des lamentations de Jérémie. Nous le ferons ensemble, chrétiens d'Orient et d'Occident, car partout le soleil se lève, partout il se couche : l'Orient et l'Occident sont en nous. Dans l'aube du troisième millénaire, l'Esprit montre la jeunesse du christianisme. Oui, aujourd'hui le christianisme commence dans la pauvreté et le pardon. Au pied de la Croix plus rien ne nous sépare, nos regards convergent vers toi, et nous avons besoin du regard de l'autre pour mieux te connaître et t'aimer. Toute la douleur du monde se concentre dans ces heures de ta Passion. Souvent aujourd'hui on rejette le Père en le disant coupable du mal. C'est volontairement que dans la mort tu t'enfonces, apportant la vraie réponse à Job, au Job innombrable de l'histoire.

Par les plaies de tes mains, de tes pieds, de ton côté, sans doute de ton cœur, c'est la lumière maintenant qui rayonne pour tout changer en Résurrection. Fais de nous, dans la force et la fierté de l'Esprit, des témoins de l'amour aussi fort que la mort (Ct 8, 6). Montre-nous dans les convulsions de l'histoire, la femme vêtue de soleil (Ap12, 1), à la fois ta Mère et ton Eglise et qu'elle enfante un monde transfiguré. À toi, Père, par le Christ, dans l'Esprit, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.”

 

Olivier Clément (1921-2009)