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Branchés

Les sarments que nous sommes, avons été créés libres, capable d’agir en autonomie. Au fond de nous, il nous est difficile d’accepter de rester branchés au Seigneur. Quelque chose résiste en nous, dans nos profondeurs. Une petite musique nous suggère intérieurement que vivre ainsi, c’est vivre enchaîné, c’est n’est pas la liberté. Ou alors c’est la culture ambiante, qui prétend que la vocation de l’être humain, c’est l’autonomie, non le fait de dépendre de Dieu. Le chemin de la maturité et de la liberté, entend on partout, jusqu’en nous-mêmes, c’est de se détacher : se détacher de ses parents des conditionnements, des contraintes, et en définitive, de Dieu. Il faut larguer les amarres, couper le cordon – quelque soit l’image qu’on veuille utiliser.

Elle a donc du boulot, la parole de Dieu, cette parole qui purifie en taillant !

Elle doit nous rappeler que la croissance véritable n’est pas d’être un enfant boudeur qui pense n’avoir besoin de quiconque, mais une personne reliée, dans un réseau de relation qui font le sel de la vie – et par-dessus tout, la relation fondamentale à Dieu, qui est la Vie. La Parole de Dieu doit nous rappeler (comme un vigneron le sait) que la taille de la vigne est absolument nécessaire pour que la vigne porte du fruit, et nous convaincre de consentir à nous laisser purifier, toujours, comme on taille la vigne régulièrement, à chaque saison. La Parole doit nous convaincre que cette purification, aussi douloureuse puisse-t-elle être, est bienfaisante et fructueuse – et donc que Dieu n’est pas contre nous. Elle doit nous

convaincre que la prétendue liberté-indépendance-absolue qu’on nous propose ne conduit en réalité qu’à l’isolement et à la stérilité. Elle doit nous convaincre que notre vie n’atteint son réel épanouissement que dans le Christ. Car les profondeurs que Dieu alimente en nous par sa sève, personne d’autre que lui ne peut y accéder. A la surface, l’humain peut faire beaucoup sans Dieu : il peut « gagner l’univers » (Mc 8, 36) ou « parler toutes les langues » et « connaitre tous les mystères » (1 Co 13) ; pourtant l’essentiel en lui restera inexploré et mort. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Mais « celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit ». Il a donc du boulot, le Christ, Parole de Dieu qui purifie et fait porter du fruit !

 

Demeurons en lui, comme lui en nous.

 

+¨Père Corentin Sanson

prêtre coopérateur de la paroisse St Yves