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L’Ascension n’indique pas l’absence de Jésus, mais nous dit qu’il est vivant parmi nous d’une nouvelle façon

Avec la fête de l’Ascension, nous célébrons le fait que le paradis s’ouvre à l’humanité avec l’entrée solennelle et joyeuse du Christ au ciel à la droite du Père. Dans son adieu, Jésus laisse aux Apôtres sa vérité et sa puissance parce que l’Ascension ne fut pas un départ mais une intensification de sa présence dans tous les points de l’univers. Ce n’était donc pas un adieu (dans le sens de ne plus jamais se revoir sauf au ciel) mais la promesse et la certitude d’une présence constante jusqu’aux extrêmes limites du temps et de l’espace : « Et moi, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). 

En effet, « adieu » vient de « ad deum », vers Dieu. Lorsque nous nous saluons de  cette façon, nous nous engageons vers un chemin, dans un exode qui signifie un retour vers la maison de Dieu et la nôtre. Notre vie est tendue vers un évènement, celui de la rencontre avec Dieu-Amour.

Dans l’attente de la réalisation de cette rencontre définitive grâce au passage avec le corps lors du dernier jour, nous les chrétiens, nous sommes appelés chaque jour à la réaliser avec le cœur. Mais ce passage avec le cœur vers ce qui est éternel et ne passe pas, ne détourne pas le chrétien de ses devoirs quotidiens qu’il a dans ce monde. La question que les deux anges, vêtus de blanc, posèrent aux Apôtres : « pourquoi, regardez vous vers le ciel ? » est valable pour nous également. Pour« passer de ce monde et ne pas passer avec ce monde » (St Augustin), nous devons faire un travail sur nous-mêmes, pour que le cœur passe à ce qui est  éternel, chaque jour. Nous devons regarder vers le vrai ciel, pas vers le ciel atmosphérique, mais celui de Dieu, celui auquel aspire notre cœur : « mon âme a soif du Dieu vivant ». Saint-Paul complète en disant : « notre patrie est dans les cieux, et delà, nous attendons comme Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ » (Phil 3,20).

Enfin, le ciel de la foi chrétienne est une personne : c’est le Christ ressuscité en qui nous sommes incorporé, avec qui nous sommes appelés à faire « corps ». « Aller au ciel », ou « aller au paradis » signifie aller et demeurer avec le Christ (Phil 1,23). « Je pars vous préparer une place, a dit Jésus, et là où je suis, vous y serez aussi » (Jn 14,2-3). Célébrer et vivre l’Ascension est donc alimenter ce saint désir de Dieu, de vie pleine, maintenant et pour l’éternité. 

 

Mgr Francesco Follo, Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris.