Je ressens un profond découragement du fait de cette vague de dénonciations légitimes, de cette vague de cris, au moins de méfiance s’abattant sur l’Eglise. Cette douche froide, comment la vivre spirituellement, même si nous sommes écrasés… il nous faut la vivre comme un jugement de Dieu sur nous (Sa colère contre nous) et un appel au changement, avec l’espérance que ce n’est pas la fin de l’Eglise, car l’Eglise est plus que cela… elle a ‘les promesses de la vie éternelle’.
Le Philosophe Jacques Maritain a écrit en 1970 un livre l’Eglise du Christ où il distingue la ‘Personne’ de l’Eglise et son personnel. L’Eglise est d’abord la «Communion des saints », vivants et décédés, formant le Corps du Christ, solidarité mystique des chrétiens. L’Eglise c’est aussi le lieu où la parole de Dieu est proclamée, où les sacrements sont donnés et reçus. Enfin, L’Eglise, c’est le flux vivant de l’amour évangélique qui sort d’elle. Et tout cela, c’est sa sainteté. Surtout ne quittez pas tout cela ! « L’Église est la Bien-Aimée du Christ, elle est sa plénitude. Et pourtant cette même Église est pénitente. Elle s’accuse elle-même souvent en termes très durs, elle pleure ses fautes, elle supplie d’être purifiée, elle ne se lasse pas de demander pardon (elle le fait chaque jour dans l’oraison dominicale), elle crie parfois vers Dieu comme du fond de son abîme celui qui serait réprouvé » (l’Eglise du Christ, œuvres complètes, XIII, p. 77)).
Son personnel (le pape, les évêques, les prêtres, les laïcs) sont ceux qui la font vivre, pétris de sainteté et de péché : « Que l’Église ait le péché dans ses membres et qu’elle soit toute mêlée au péché, cela ne fait nullement qu’elle soit elle-même pécheresse, parce que sa personnalité transcende celle de ses membres, et qu’ils ne sont investis de sa personnalité que pour autant qu’ils vivent de sa vie de grâce et de charité » (œuvres complètes, XIII, p. 80)
D’où la nécessaire opération vérité. Parmi toute la boue où se mèlent dénonciations justes, anti-cléricalisme et volonté des chrétiens voulant le changement, il nous faut discerner et nous engager dans un chemin de purification, avec l’aide de Dieu, car « la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. » (Saint Jacques 3, 16)
Mais surtout tenez à l’Eglise, ne la quittez pas !
+ Père Jean-Michel Moysan, curé