La polémique est au plus vif entre Saint Paul et Barnabé d’un coté et certains juifs devenus chrétiens de l’autre. Nous sommes dans les années 50 de notre ère. Remettons en perspective cette première ‘bagarre’ entre chrétiens. Elle nous paraît surannée, mais elle porte sur du ‘lourd’ !
Le christianisme au début est composé uniquement de juifs. Ils ont reconnu que Jésus est le sauveur, comme le dit Pierre en Actes 4 : « en nul autre que lui (Jésus), il n’y a de Salut, car sous le ciel , aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4, 12). De nombreux juifs ont adhéré à Jésus. Après la persécution d’Etienne, ils se sont dispersés à Antioche et ils ont annoncé Jésus comme le Messie. Et miracle ! des gens d’origine grecque (non juive) ont été saisis par la personne du Christ : « un grand nombre de gens devinrent croyants et se tournèrent vers le Seigneur » (Ac 11, 21).
Une polémique va naitre : les grecs doivent-ils devenir juifs pour devenir disciples du Christ, le juif ? En effet, la prédication faite par Jésus était faite par un juif pour les juifs : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. », dit Jésus (Mt 15, 24). Le renouvellement proposé par jésus est interne au Judaïsme… il faut donc que les grecs (non juifs) deviennent Juifs (par la circoncision) pour devenir disciples de Jésus. Voilà la requête de certains juifs devenus chrétiens. Paul va s’opposer frontalement à cela. Avec quel argument ? Pierre le dira dans la décision que la ‘Maison mère’ à Jérusalem prendra : « oui, nous le savons, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés de la même manière qu’eux (les grecs) »
C’est révolutionnaire. La nouvelle foi va éclater hors des cadres du judaïsme,accueillant possiblement tout le monde. Ils vont appartenir à un nouveau peuple (l’Eglise) dont la pierre angulaire est la foi en Jésus ressuscité (et non la Loi de Moïse) et le nouveau rite d’entrée sera le baptême ‘au nom de Jésus’ (et non la circoncision). Comme le dit le Concile Vatican II, « il appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils, pour former un tout non selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le nouveau Peuple de Dieu (Lumen Gentium 9).
+Père Jean-Michel MORVAN, curé