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Communier à la messe… Sommes – nous des cannibales ?

L’objection est venue à une réunion récente. Elle ne venait pas de la personne présente, mais d’amis qui faisaient le parallèle entre la communion eucharistique et l’anthropophagie : ‘vous dites que vous mangez le corps du Christ, donc vous mangez le Christ !’ Il est vrai que certains textes de l’Evangile prêtent à ce genre d’objection : « si vous ne mangez pas le corps du fils de l’homme… » (jean 6)…

Qu’en est-il ?

La définition du cannibalisme est celle-ci : « Le cannibalisme est une pratique qui consiste à  consommer, complètement ou partiellement, un individu de sa propre espèce. L'expression s'applique à la fois aux animaux qui dévorent des membres de leur groupe, cannibalisme animal, et aux êtres humains qui consomment de la chair humaine, cannibalisme ou anthropophagie. » (Wikipedia)

Or à la messe, nous ne mangeons pas le corps de Jésus mort ! Nous nous nourrissons de Jésus ressuscité de la mort. Or cette réalité du Christ ressuscité n’est pas celle d’un mort, mais celle d’un vivant par delà de la mort, invisible : « Mais non, dit Saint Paul, le Christ est ressuscité d'entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. » (1 co 15, 20). 

 

Ce n’est donc pas une réalité humaine palpable (un corps mort d’un humain) que nous mangeons, mais celle d’une réalité invisible, spirituelle, le Corps glorieux du Christ. Nous en mangeons le signe visible, l’hostie consacrée, selon la définition du sacrement en théologie catholique : le « signe visible d’une réalité invisible » (Saint Augustin, 354-430)

Mais que peut nous apprendre la pratique du cannibalisme pour l’eucharistie ?

Je me souviens d’avoir lu un récit d’un combat violent entre deux hommes de deux tribus ennemis où le vainqueur s’est mis à manger le cœur physique du vaincu et boire son sang, car c’était le sang de quelqu’un de courageux qui avait lutté jusqu’au bout pour sa tribu !

Cette histoire glauque m’a rappelé des phrases de Jésus : « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. » (jean 16, 33) ; «  le sang du Christ fait bien davantage, car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu…; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant. (hébreux 9, 14) « Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. » (Ephésiens 2, 13) ; « Eux-mêmes (les chrétiens) l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, par la parole dont ils furent les témoins ; détachés de leur propre vie, ils sont allés jusqu’à mourir. (Ap 12, 11)

 

Que la communion au Christ Jésus, homme du Don de soi, nous ‘colle’ à Lui, le Saint, pour nous purifier et nous donner du courage pour mourir à nous-mêmes chaque jour et nous donner jusqu’au bout ! Ainsi nous serons vraiment ses disciples !

 

+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé