La 1ère lecture de ce dimanche nous dit :
« Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses commandements et ses décrets inscrits dans ce livre de la Loi » (Dt 30, 10).
Quelle est cette loi de Dieu ? Essentiellement, ce sont les dix commandements. Et parmi ceux-ci, le 5ème dit : « Tu ne tueras point ». (Ex 20, 13)

Soyons clairs : quand une loi décide de la mort, ce n’est jamais par cruauté gratuite. La peine de mort (abolie en France en 1981) existait pour châtier les criminels. L’avortement (légalisé en France en 1975) est consenti ou promu pour la liberté de la femme. L’euthanasie est réclamée pour soulager la souffrance. Et quand des soldats s’entretuent à la guerre, c’est pour défendre leur pays ou pour venger une attaque. Moralité : il y a toujours une bonne raison de tuer son prochain.

Face à cela, que peut faire le chrétien ? D’abord reconnaître qu’il y a effectivement beaucoup d’excellentes raisons de tuer son prochain. Mais ensuite il doit se souvenir de la loi de Dieu : « Tu ne tueras point ». Et dans un pays libre comme la France, il est tout à fait légitime de dire : "je comprends toutes les raisons qui te poussent à vouloir tuer ce bébé non désiré, ce vieillard qui souffre, cet ennemi qui a massacré ta famille, mais ma religion m’interdit de verser le sang, et je te demande de respecter cela. »
Cependant, agir ainsi, ce n’est faire que la moitié de la route.

Car Jésus dans l’évangile nous emmène plus loin sur cette route qui descend de Jérusalem à Jéricho. La parabole du Bon Samaritain nous raconte qu’il y avait un homme blessé, que le prêtre et le lévite l’ont évité, parce qu’ils devaient s’abstenir de toucher du sang pour respecter la loi de Dieu. Ces hommes pieux ont respecté les commandements du Seigneur, mais ils n’ont pas bien agi. Car il y a un commandement qui est encore supérieur à « tu ne tueras point », c’est « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même. » (Lc 10, 27)
Or ce Dieu que nous devons aimer de tout notre cœur a versé le sang. Le sien, sur la croix. Pour nous. Nous aussi, si nous voulons aimer Dieu, nous ne pouvons pas passer à côté des situations dramatiques en ayant la conscience tranquille. Une chose est claire : depuis que Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ, il s’identifie à tous ceux qui ont besoin d’aide, de compassion. Si je tue quelqu’un, un bébé à naître, un vieillard, un ennemi, c’est Jésus que je tue. Mais si je laisse une femme enceinte sans soutien, un agonisant sans présence, c’est Jésus que je laisse seul. Respectons la loi de Dieu. Et vivons de l’Esprit du Christ. Lui seul peut nous sauver.
+ Père Jean NIELLY, vicaire