La vie ordinaire demande de s’assoir. Si on ne s’assoit pas tous les jours pour vivre des moments intérieurs, on risque de caler, de cesser toute prière et même de cesser toute foi et de rentrer dans le moule atone d’une société agnostique ayant de vagues sentiments religieux et se disant croyants.
Mais la foi vivante n’est pas cela : c’est la confiance vive en Dieu et en Jésus qui devient notre guide pour les actes de tous les jours… Voilà la différence qu’on peut ressentir quand on côtoie des connaissances

la vie d’aujourd’hui nous demande de tenir debout ‘dans la foi’… au risque, quelquefois de ne pas être d’accord ‘avec son père, sa mère, son frère’, de se faire moquer. La foi peut être très difficile à tenir dans un monde indifférent, l’espérance peut être très difficile à tenir dans des pertes et maladies par exemple, la charité peut être très difficile à tenir dans des moments d’affrontement. Et là cette souffrance du désaccord, lors de débats houleux en famille, de choix moraux incompris, de décisions concernant l’éducation, de tel choix évangélique en politique, du refus de hurler avec les loups… cette souffrance vécue en solitude nous fait sentir la portée de la phrase de Jésus : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. » Il y a là une radicalité à vivre !

De plus, toute cette aventure de foi demande de s’assoir pour « calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ». Que veulent dire ces mots ‘calculer la dépense’? Dans des vécus difficiles, des chrétiens se demandent s’ils tiendront dans la foi en Dieu tellement celle-ci peut être ébranlée ! Il faut donc en conclure que la foi demande de dépenser du temps, de l’énergie pour la renforcer, de renoncer à cultiver d’autres richesses, sinon, on dérape ! Certes nous ne pouvons pas ‘calculer’ si notre dépense est suffisante, mais il ne faut pas lésiner sur les moyens (formation, prière, sacrements). Si nous calons en cours de construction, les autres vont se moquer de nous : ‘ces chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres ! ils n’ont pas plus de qualité éthique ou spirituelle que les autres’

‘Quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, ne commence pas par s’assoir’… la vie chrétienne nous met quelquefois devant tel engagement à prendre. Nous savons qu’il va demander des combats intérieurs et extérieurs… faut s’engager dans tel combat ? Tiendrons-nous ? Si on n’est pas prêt, mieux vaut ne pas aller au ‘casse-pipe’…cela demande un discernement et aussi une ‘préparation au combat’.
Jésus termine la parabole ainsi : ‘celui qui ne renonce pas à tout ne peut être mon disciple’.. il nous faut mettre toutes nos billes dans le même panier, celui du Christ… lâcher ce qui est à lâcher et ne pas avoir peur de se lancer, libres, dans l’aventure de l’amour pour Dieu et son Christ
+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé