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« Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort… » (Ex 17, 8-13)

On peut résumer la morale de cette histoire ainsi : celui qui baisse les bras désespère et sombre… Il nous faut donc ne pas nous laisser abattre ! C’est de la bonne sagesse humaine. Mais le texte dit plus que cela : Dieu lui-même est dans la bataille ! Expliquons !

 Reprenons : « Moïse dit alors à Josué : choisis des hommes et va combattre les Amalécites et moi je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main »… Moïse est le priant pendant le combat… Quand Moïse a la main levée, Israël gagnait et quand Moïse baissait les bras ou se fatiguait de prier, les Amalécites gagnaient.

il y a plusieurs convictions qu’a l’Eglise à propos de la prière d’intercession qui fait gagner la bataille…

D’une part (première conviction) nous sommes interconnectés dans le Corps du Christ. Quand l’un prie pour l’autre, ça redonne de la puissance spirituelle à l’autre… quand il se fatigue ou qu’il cesse se prier, l’autre n’est pas autant aidé et se décourage, cesse le combat spirituel. Du point de vue humain, c’est déjà le cas… quand des parents croient dans leurs enfants et ont un langage stimulant, les enfants ont du courage dans le combat de la vie… car c’est eux qui sont dans l’arène, ce ne sont pas les parents. Quand les parents baissent les bras dans leur foi humaine pour eux, ils baissent les bras !

Du point de vue de la vie spirituelle, c’est un autre niveau de soutien : quand quelqu’un prie pour un autre avec beaucoup d’affection pour lui, Dieu se communique à cet être qui en a besoin. l’Eglise y croit… sur quoi s’appuie-t-elle ? Sur l’exemple de Jésus. Le Christ prie pour les autres avant de les guérir…. « Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles… les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! ». Et la guérison vient. Jésus prie  également pour la foi de l’Apôtre Pierre : « j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. (Luc 22, 32). Saint Jacques rajoutera : « La prière fervente du juste a une grande efficace. » (Jacques 5, 14s)

D’autre part (deuxième conviction) : le combat d’Israël contre les Amalécites dure une journée. Et donc la prière aussi. Pourquoi le Seigneur n’a-t-il pas donné dès le début la victoire à Israël ?

Pourquoi l’efficacité de la prière tarde-t-elle à venir ? Parce que la prière n’est pas magique... Elle exerce sa puissance dans la consistance de la vie, ses lenteurs, ses résistances…. Dans la prière, la puissance de l’Esprit saint se glisse dans les points faibles d’une muraille, dans les fragilités d’une armure… Sauf dans des cas particuliers (comme les miracles), elle suit le réel et sa complexité et l’innerve de la puissance divine à partir des portes ouvertes de l’âme qui peuvent désirer et recevoir la Grâce. C’est cela la bataille de Dieu avec nous. Mais il faut beaucoup de foi, de patience et surtout d’amour. Demandons la patience de la prière au Seigneur !


+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé