J’entends des paroissiens me dire : ‘Ras le bol d’entendre toujours parler du péché dans l’Eglise… ’. J’entends aussi d’autres qui osent à peine me dire ceci : ‘je ne vois pas où est le péché dans ma vie, car je ne suis pas pire qu’un autre… ‘… Mais le publicain, lui, fait l’expérience de la découverte de son péché. C’est douloureux, mais c’est libérateur. C’est de cela dont il faut parler !

Ici la parabole fait rassembler un publicain et un pharisien dans le Temple, c’est-à-dire dans le lieu de présence de Dieu. Quand Jésus chasse les marchands du Temple, il leur dit : « Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière. Or vous, vous en faites une caverne de bandits. » (Matthieu 21, 13)… Or le publicain, collecteur d’impôts découvre qu’il a fait de son âme une ‘caverne de bandits’. Lui vient en pleine face la vérité de sa vie décrite, celle décrite dans la rencontre de Jésus avec Zachée : « Si j’ai volé, je rembourserai 4 fois plus ». L’aveu est limpide : il vole ! le pharisien a raison : ‘je ne suis pas comme ce publicain’. Ces derniers sont connus comme étant des gens droits, respectant la loi, toute la loi : « je ne suis pas comme les autres hommes, voleurs, injustes, adultères ». Il est juste par rapport à la Loi : il n’a pas de péché !

Mais l’effet que l’entrée dans le Temple a sur le publicain est terrible : l’expérience de son impureté morale et spirituelle lui saute à la figure… comme Isaïe qui fait la même expérience en entrant dans le Temple : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! » (Isaïe 6)
Quand vous entrez dans une église, je vous invite intérieurement à vous prosterner, car habite là dans le tabernacle la Présence pure, la Lumière inaccessible, le Saint des Saints… Présentez lui votre vie et laissez la vérité venir au jour… C’est la rencontre de Jésus qui fait découvrir la vérité de sa vie à la Samaritaine, elle qui avait eu 5 maris, idem pour Zachée.

C’est l’expérience de l’amour absolu de Dieu pour nous qui nous fera découvrir que nos petits égoîsmes sont des péchés. C’est l’expérience de la Douceur de Dieu (‘je suis doux et humble de cœur’ dit Jésus ) qui nous sera découvrir que nos colères sont des péchés. C’est l’expérience de Dieu miséricorde qui jettera une lumière crue sur tous nos jugements envers les autres (« Pour qui te prends-tu donc, toi qui juges ton prochain », jacques 4, 12) ?
Livrons-nous à cette expérience de Dieu. Pour cela, il nous faut entrer ‘dans le Temple’, c’est-à-dire dans la prière profonde, que ce soit dans l’église ou chez nous, dans le secret : laisser dans le silence la grandeur de Dieu venir y habiter, nous éclairer et nous transformer… cela a sauvé le publicain, il a pu connaître la brûlure de l’amour de Dieu venant en lui et l’aveu humble et salvateur de son péché… Ainsi il a été justifié, c’est-à-dire pardonné ! Nouvelle vie intérieure qui s’ouvre !
+ P. Jean-Michel MOYSAN, curé